En tant qu’ergothérapeute spécialisée dans ce domaine depuis plus de 20 ans, je vous propose des informations précieuses et des conseils pratiques pour mieux vous repérer et vous donner des pistes pour mieux vivre ce trouble neurodéveloppemental.

Qu’est-ce que la dyspraxie ?

La dyspraxie est un trouble du développement moteur qui affecte la planification et la coordination des mouvements. Les individus atteints de dyspraxie peuvent avoir des difficultés à exécuter des tâches motrices complexes, telles que l’écriture, l’habillage. En soi, la dyspraxie n’est pas très grave, mais, de part les troubles d’écriture qu’elle induit, elle va avoir un impact important sur les apprentissages. En effet, à l’école, tout se passe autour de la prise de notes et de l’écriture. Or un enfant qui se concentre pour pouvoir faire ses lettres, ne peut écouter le cours en même temps ou fera de nombreuses fautes d’orthographe (ce qu’on appelle le phénomène de « double tâche »). Dès lors, elle peut avoir des conséquences sur l’avenir de l’enfant si elle n’est pas prise en compte suffisamment tôt.

Les symptômes de la dyspraxie

Les symptômes de la dyspraxie varient d’une personne à l’autre, mais chez les enfants, on retrouve en général des difficultés dans quelques unes des tâches suivantes :

  • Coordonner les mouvements fins et grossiers : l’enfant est souvent décrit comme « maladroit » par son entourage
  • Ecrire lisiblement, proprement ou rapidement (dysgraphie). La dysgraphie peut être isolée, c’est à dire qu’un enfant peut être dysgraphique sans être dyspraxique. L’inverse est beaucoup plus rare. C’est pourquoi il ne faut pas se contenter d’un simple bilan d’écriture, mais effectuer un bilan d’ergothérapie complet.
  • Apprendre à faire ses lacets
  • Manger proprement, tenir ses couverts correctement
  • S’habiller (l’enfant enfile parfois ses vêtements à l’envers)
  • Dessiner (l’enfant aime peu cette activité en général), découper, utiliser un compas, être précis en géométrie…
  • S’organiser et être attentif (fatigabilité)
  • Vouloir faire ses devoirs : l’enfant rechigne, prend la fuite, retarde au maximum cette « corvée »
  • Une faible estime de soi, un sentiment d’être « nul »
L’enfant dyspraxique, souvent en échec, se décourage et se désintéresse de l’école.

Diagnostic et évaluation

Le diagnostic de la dyspraxie est souvent posé par une équipe multidisciplinaire, comprenant des professionnels de la santé tels que des pédiatres, ergothérapeutes et neuropsychologues. Pour poser le diagnostic de dyspraxie, le bilan en ergothérapie est un élément important. Une évaluation approfondie est donc nécessaire pour identifier les besoins spécifiques de chaque individu et élaborer un plan de traitement personnalisé.

Il est à noté que la dyspraxie peut se cumuler à d’autres troubles. Ainsi les enfants à haut potentiel sont plus facilement sujets à la dyspraxie. De même, d’autres troubles « dys » peuvent se retrouver plus fréquemment : dyscalculie (difficulté à comprendre les bases mathématiques), dyslexie (trouble de la lecture), dysorthographie (trouble touchant à l’orthographe)… On parlera dans ce cas de troubles « multidys ».

Prise en charge de la dyspraxie en ergothérapie

En tant qu’ergothérapeute, je travaille en étroite collaboration avec mes clients pour les aider à développer des stratégies et des compétences adaptatives pour surmonter les défis liés à la dyspraxie. Cela peut inclure :

  • La rééducation de l’écriture (graphothérapie)
  • L’apprentissage de l’ordinateur (clavier et logiciels) lorsque la dysgraphie est trop importante ou trop tardive pour être rééduquée
  • Des exercices de dextérité fine et de coordination manuelle
  • La rééducation du quotidien, en trouvant une méthodologie adaptée à l’enfant pour qu’il puisse s’organiser, faire ses lacets, se brosser les dents, enfiler des gants etc…
  • La rééducation du geste dans l’utilisation des outils scolaires : règle, ciseaux, compas, rapporteur…
  • Le soutien adapté dans les apprentissages scolaires par la mise en place d’une méthodologie propre à l’enfant
  • L’écoute des difficultés de l’enfant, mais aussi des parents et professeurs
  • L’accompagnement dans la reprise de la confiance en soi, qui passe avant tout par les progrès réalisés

Conseils pour les parents et les enseignants

Les parents et les enseignants jouent un rôle crucial dans le soutien aux enfants atteints de dyspraxie. Voici quelques conseils pratiques :

  • Encouragez l’autonomie et la confiance en soi
  • Simplifiez certaines tâches
  • Respecter la fatigabilité de l’enfant
  • Adaptez l’apprentissage à l’enfant : mise en place d’aménagements scolaires (PAP* ou PPS*)
  • Utilisez des outils et des aides techniques recommandés en ergothérapie pour faciliter les tâches quotidiennes
  • Soyez patient et encourageant : il n’est pas toujours facile d’accompagner un enfant dys, et il est tout à fait normal de faire des erreurs ou de se sentir désemparé au début. N’hésitez pas à nous questionner : nous connaissons bien ce trouble, et vous, vous connaissez bien l’enfant. Ensemble, nous pouvons devenir très efficaces !

En conclusion

La dyspraxie peut présenter des défis uniques, mais avec le bon soutien et les bonnes ressources, il est tout à fait possible de surmonter ces obstacles et de mener une scolarité normale. En tant qu’ergothérapeute spécialisée, je suis ici pour vous aider à chaque étape du chemin. N’hésitez pas à me contacter pour plus d’informations ou pour prendre rendez-vous.

* PAP : Plan d’Accompagnement Personnalisé – PPS : Projet Personnalisé de Scolarisation.